LA FEMME QUI FRAPPE (2004)

De

Victor HAÏM

 

Mise en scène :

Yves PIGNOT

 

avec :

Josiane PINSON

 

Création lumières :

Jean-Claude ROLLAND

 

Décor :

Anabel BICELLI

 

coproduction : Théâtre ESSAÏSON / LA BRETELLE OBJECTIVE

 

L'histoire : Agathe est dactylographe. Elle travaille depuis plusieurs mois sur l’œuvre d’un auteur sans en venir à bout. Après plus de 7 500 pages, de nouveaux manuscrits à dactylographier ne cessent de tomber du ciel. La tâche est impossible mais Agathe s’acharne. Cet argent, elle en a besoin pour offrir des obsèques décentes à son défunt mari, jusqu’alors enfermé entre les quatre planches qui lui servent de bureau. C’est pour lui qu’elle frappe et refrappe sur sa machine jusqu’à en choper des crampes aux doigts. Peut être est-ce aussi pour oublier qu’elle est seule, si seule ! Il y a bien son mort chéri, à qui elle s’adresse lorsqu’elle est sur le point de craquer ; mais ce n’est pas pareil !

Un jour, Agathe se permet de lui téléphoner, à Lui, l’écrivain. Cette voix masculine et vivante lui met du baume au cœur. Elle le trouve gentil. Elle l’appelle une seconde fois, puis une troisième et une quatrième. Elle ressent à nouveau le désir de séduire et troque sa chemise de nuit grise pour une robe plus fleurie et un peu de maquillage. Mais cet homme, invisible et omniprésent à la fois, profite de la détresse et de la solitude de cette femme. Agathe, fascinée par son bourreau, semble prête à céder à toutes ses exigences et n’arrive pas à lui avouer son impossibilité à réaliser sa tâche infernale. Jusqu’au jour où, devant son refus de lui accorder une avance pour le travail déjà effectué, elle craque et voit tout espoir d’enterrer son mari décemment disparaître.

LA NOTE DE L'AUTEUR

Victor HAÏM
Victor HAÏM

Un mort chéri, un séducteur pervers, une femme piégée, un cauchemar drôlatique

Un regard pessimiste sur le monde ne génère pas automatiquement une œuvre sinistre. «La femme qui frappe» est une comédie délirante. Tout dépend, sans doute, du patrimoine génétique de l’auteur.
Depuis que j’écris pour le théâtre, il y a quarante ans environ, je me suis moqué, à ma manière, des hommes de pouvoir, des truqueurs, des gouvernants. Je répugne à me moquer des personnages qui sont humiliés et offensés. Je me sens de leur côté.
Mais je dois à la lucidité de dire que certains des êtres peu recommandables que j’ai pris pour cibles me ressemblaient aussi beaucoup quelquefois. Il y a peut-être, enfouie au plus profond de moi, une sorte de sens de l’autocritique qui, grâce à ma façon d’écrire, se mue en autodérision. Je ne suis, dès lors, pas loin de penser que j’ai quelque chose de l’écrivain tortionnaire et égocentrique qui taraude Agathe !
Mais je me sens parallèlement absorbé parles tourments de cette femme généreuse et pugnace qui perd sa vie à la gagner.
Ai-je inventé un genre qui serait le cauchemar drolatique ? Peut-être ! Il faut en tout cas de véritables virtuoses pour réussir l’alliage de la vérité, de la dérision et de la folie.
Le metteur en scène Yves Pignot a l’expérience, mais aussi la finesse et la subtilité qui nous aident à rire et à respirer alors que nous sommes plongés dans le chaos de la formidable Agathe qu’assume Josiane Pinson. Avec quelle bouleversante vérité, avec quelle dérangeante cocasserie, avec cette jubilation communicative que le don de l’actrice illumine et transcende.
Victor Haïm

 

LA NOTE DE L'INTERPRETE

Josiane Pinson
Josiane Pinson

Une grande dame

Dans « La Quarantaine Rugissante » et « Psycause(s) », je me suis attachée en tant qu’auteur et interprète à tenter de dépeindre les femmes au plus près de ce qu’elles sont, entre fragilités, passions, carcans, doutes, failles, exigences... et violences parfois.

Aussi, lorsque Victor m’a confié « La femme qui frappe » il m’a paru tout naturel de poursuivre l’étude de portrait de mes contemporaines avec Agathe.
Agathe me touche profondément. Entre dépression et vraie joie de vivre, elle se bat pour sauver l’image qu’elle se fait de la fidélité... y compris « post mortem ». Toute petite face au pouvoir et à l’argent, c’est une grande dame.
Si elle semble prête à toutes les compromissions, c’est elle pourtant, à sa façon, qui mène le jeu. Elle est drôle. Désespérée. Digne. Charmeuse. « Popu »
Anéantie. Belle et bouleversante dans sa course à la survie.

Agathe est un cadeau.... Et j’ai bien l’intention de relever le défi, galvanisée par la totale confiance de l’auteur.

 

Josiane Pinson

LA NOTE DU METTEUR EN SCENE

Yves PIGNOT
Yves PIGNOT

La cérémonie des extrêmes

Dès que j'ai lu le texte de Victor Haïm, j'ai été, paradoxalement, par rapport à sa cocasserie, submergé par des idées noires !

En effet, de quoi est-il question ? D'une situation tout à fait extême, à la fois extravagante et métaphoriquement recevable. Cette gageure aussi bien que le style de Victor Haïm m'ont séduit.

 

Agathe, le personnage émouvant et têtu, qu'interprète Josiane Pinson, va au bout d'un pari impossible : dactylographier coûte que coûte, sans une seconde de repos, le manuscrit qui n'en finit jamais (j'ai pensé à Sisyphe) d'un auteur invisible ... et omniprésent.

 

Si elle ne mène pas à bien cette tâche infernale, agathe ne pourra assurer les obsèques de son mari dont la dépouille attend au moins un cercueil en vrai bois, et une cérémonie digne de ce nom.

J'aime le propos à la fois macabre et délirant. J'aime le combat de cette femme : il faut qu'elle séduise ! Qu'elle convainque ! Elle va finir par insulter et menacer, quitte à jouer sa vie. Mais que vaudrait une vie sans dignité ?

 

C'est peu dire que ce texte délirant requiert de la comédienne un registre étendu. Josiane Pinson y est plus que brillante ! Elle est évidente.

 

Inutile avec cette pièce, ce thème, cette actrice, de rechercher l'effet. L'extravagance s'impose, comme le rire et l'émotion. Yves Pignot

LA PRESSE EN BREF

REVUE DE PRESSE COMPLÈTE

À mon avis

Une femme, qui ne sort plus guère de chez elle, tape frénétiquement à la machine des kilomètres d’un texte prétentieux et emphatique. Pour ce travail dont elle ne voit pas la fin, elle fait pourtant preuve d’application, de courage et même parfois d’enthousiasme. Mais l’auteur, qu’elle n’a que qulquefois au bout du fil, se joue d’elle, la ridiculise, l’humilie même.
Cette fable sur le thème du dominant et du dominé est d’une force exceptionnelle. Josiane Pinson sait décliner avec art les différentes facettes de son personnage tour à tour drôle, touchant et pathétique, emprunt d’un immense désarroi et d’une profonde humanité.
L’auteur et son interprète frappent fort. Le spectateur d’abord amusé, assiste ensuite médusé et impuissant à une descente aux enfers.


Christian Dumont

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